« Il n’y a aucun avenir pour une nation qui est ignorante de son passé » [Extrait – La Civilisation Arabo-Musulmane]
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Avant-Propos
Les fondements de la civilisation moderne sont avant tout matérialistes. En effet, de par son histoire, cette civilisation a suivi un chemin qui s’est sans cesse éloigné de la Religion en croyant qu’elle pourrait cheminer seule sans avoir besoin ni recours à une quelconque religion divine dont elle a fini par totalement s’affranchir afin de mener à bien son propre cheminement.
Toutefois, de nos jours, nous observons que nombre des « fils de cette civilisation moderne » sont en quête de spiritualité en espérant trouver ce qui permettra de combler leur vide spirituel et les mener vers une plénitude existentielle.
Nous constatons donc que le seul progrès matériel n’est pas gage de bonheur, loin de là même ! Et comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on sait que la vie est un minutieux et précieux équilibre où tant l’aspect matériel que celui spirituel doivent coexister mutuellement de manière harmonieuse et radieuse.
Ce n’est pas l’un au détriment de l’autre. En outre, le progrès matériel ou technique ne doit pas être une fin en soi. Certes, il est une des conditions d’un mieux-être de l’individu, mais de là à dire qu’il constitue son bien-être, alors cela est une vision très réductrice.
En effet, le progrès n’est qu’un élément parmi tant d’autres et à lui seul il ne permet pas de juger de la grandeur et de la splendeur d’une civilisation.
En fait, c’est la rencontre de plusieurs facteurs qui déterminent de la pertinence des réalisations d’une civilisation, et c’est là qu’entre en ligne de compte la notion de culture propre à chaque société et qui va déterminer quel facteur prédominera dans celle-ci : devancera-t-on l’émotion à la raison ; préférera-t-on l’esthétique à l’éthique ; attachera-t-on plus d’importance à la tradition séculière qu’à la Religion ; quelle position accordera-t-on au profane par rapport au sacré ; etc.
L’islam a visé à concilier ces choses qui peuvent paraître antagonistes. En effet, très tôt, la religion musulmane s’est donnée pour mission d’harmoniser les choses afin de répondre à tous les besoins des hommes et cela dans tous les domaines que ces derniers seraient amenés à rencontrer au cours de leur vie en ce bas monde.
Et le fruit de tout cela s’est traduit entre autre dans les réalisations de sa brillante civilisation et ses apports à l’Humanité durant près de 10 siècles, sujet de notre ouvrage.
En effet, le but n’est pas d’accumuler des richesses pour les dilapider futilement ou en priver son prochain dans le besoin. L’exercice du pouvoir n’a pas fonction de s’arroger des privilèges ou d’opprimer le citoyen.
Le progrès technique ne vise pas à saccager la Nature et à éradiquer tant d’écosystèmes et d’espèces qui sont là depuis aussi longtemps que la présence de l’homme à la surface de la Terre, si ce n’est plus.
La science ne doit pas être acquise ou recherchée afin de se glorifier de ses propres inventions ou de se pavaner devant ses réalisations personnelles en se prenant pour Dieu… Et tant d’autres choses que nous pourrions citer.
Il est triste de constater que l’homme reste foncièrement injuste dans sa relation avec son prochain et ignorant des desseins et des finalités qui devraient l’habiter en tant que personne douée de raison et dotée de cette faculté à distinguer le bien du mal.
Le bref panorama que nous allons présenter, dans les chapitres suivants, de cette civilisation est une vision volontairement sommaire mais réaliste de ce que celle-ci fut réellement au moment de son apogée, c’est-à-dire : une civilisation ayant des valeurs morales et recherchant le bien où qu’il soit afin de l’apporter à l’Humanité.
Une civilisation de juste milieu entre sa composante matérielle et spirituelle ; entre la raison et la religion ; entre l’individu et la collectivité ; etc. Tout simplement entre l’âme et le corps, et leurs besoins respectifs.
Cette notion de juste milieu propre à cette civilisation doit se traduire dans chaque pan de la vie de tout bon musulman. Il n’y a pas de place au laxisme ou à l’extrémisme, seul le juste milieu en toute chose.
Pourtant, aujourd’hui, la réalité est tout autre. Il ne faut pas se voiler la face et voir la réalité telle qu’elle est : la situation du monde arabo-musulman est critiquable et déplorable à bien des égards. Quant à l’image de l’islam, celle-ci a été ternie et noircie.
Notamment, dans le traitement médiatique de la part des « mass médias » où le constat est affligeant et dépitant. Les gens, en général, aussi bien musulmans que non-musulmans ont oublié que cette civilisation arabo-musulmane a rayonné pendant près d’un millénaire sur le monde entier, et ce rayonnement s’est traduit dans plusieurs domaines dont nous allons voir quelques aperçus dans les chapitres qui vont suivre.
Nous verrons que, par le passé, les personnes ayant appartenu à cette « aire géographique arabo-musulmane » ont porté haut la bannière de cette civilisation. Elles ont apporté à l’Humanité un esprit de curiosité, un souffle de bonté et d’équité s’est propagé et de grands progrès en ont résulté.
Ces personnes ont tracé leur propre chemin à la lumière de leurs valeurs morales et elles ont pavé de nouveaux sentiers à ceux qui allaient les suivre et venir à leur suite entrainant dans leur sillage l’émergence d’une nouvelle civilisation : la civilisation moderne.
Depuis un certain temps maintenant, la civilisation moderne occidentale a pris son envol et gravite haut dans le ciel. Le monde arabo-musulman est lui, malheureusement, « resté à quai ». Certes, des infrastructures modernes sont apparues ici, des progrès techniques ont été réalisés là, etc.
Mais là n’est pas le véritable problème ! Autrefois, les musulmans constituaient le cœur du dynamisme intellectuel et le moteur du progrès matériel. En fait, ils représentaient le centre de gravité autour duquel tournaient les autres nations.
Ils étaient la source où ces nations allaient puiser leur futur développement. En fait, de nos jours, c’est comme si nous étions restés à la « périphérie » du véritable progrès et que nos réalisations étaient simplement relatives et non significatives.
Alors, oui, sous cet angle-là, nous comprenons cette vision médiatique inlassablement répété d’un monde occidental avancé et moderne opposé à un monde musulman arriéré et archaïque !
Mais, l’Histoire nous a prouvé comme nous allons le démontrer dans les lignes qui vont suivre que le monde arabo-musulman et la civilisation qu’il a apporté a été une aire active, un centre sans cesse en mouvement, n’hésitant pas à se déplacer de Médine vers Bagdad puis vers Damas, Le Caire et même jusqu’à…Cordoue !
Tout au long de ces 1000 ans d’Histoire, s’il y a bien un enseignement à tirer, c’est ce génie créatif dont firent parts nos glorieux prédécesseurs en sachant sans cesse s’adapter aux défis qui se présentaient à eux tout au long de leur histoire mais surtout en proposant des solutions viables et pérennes à ces défis de leur époque.
Ce sont ces défis contemporains que les musulmans n’arrivent plus à relever, ou alors de manière infime.
Et lorsque nous parvenons à les relever, alors leur impact n’est pas aussi significatif comme le fut celui de nos devanciers, même si nous voyons, ici et là, poindre des éléments de satisfaction, à l’instar du Maroc et de sa nouvelle politique énergétique basée sur le développement des énergies renouvelables, et notamment son fameux complexe thermo-solaire Noor.
Au cours de l’Histoire, la civilisation arabo-musulmane a produit des hommes qui ont su s’élever et tirer vers le haut cette civilisation. Dans notre livre, nous avons dressé quelques brefs portraits de certains d’entre eux. Ils furent de cultures différentes, ils vinrent d’horizons divers, ils occupèrent des positions variées, etc.
À leur tête, trois générations se distinguèrent dont les hommes et les femmes furent telle « une rampe de lancement » pour les générations qui allaient leur succéder. Et à leur suite, d’autres apparurent. Il y eut de puissants dirigeants et gouvernants, des hommes de lettre, des hommes de religion, des hommes de science, etc.
Chacun mit du cœur à l’ouvrage et posa sa brique dans ce bel et sublime édifice qu’allait devenir cette civilisation arabo-musulmane. Parmi eux, il y avait des jeunes et des personnes âgées, des riches et des pauvres, des notables et de simples citoyens, etc.
Toutes ces personnes essayèrent, à leur capacité, d’être des exemples pour leur prochain en visant au maximum la vertu (« Al Ihsân ») et la perfection (« Al Itqân ») dans la vie qu’elles menèrent.
Les hauts faits de certains d’entre eux ont été consignés dans les livres non en tant que simples histoires mais comme étant l’Histoire qui s’écrit. Ces gens furent de prodigieux modèles spirituels dont le souvenir est encore vivace, de nos jours encore, chez de nombreuses personnes.
Ce glorieux passé dressé ici, et même s’il a aussi sa part d’ombre, vise à réveiller les consciences afin de ne pas s’apitoyer sur des réalités parfois amères, ou de se satisfaire d’une médiocrité décourageante, ou encore se morfondre dans une morosité ambiante empreinte de stigmatisation quotidienne et de victimisation improductive pour montrer ce qu’est la réalité de la véritable personnalité du musulman lorsque celui agit et est en phase avec ce que Dieu attend de lui.
Voilà l’objectif de ce modeste ouvrage : rétablir certaines vérités mises à mal par des campagnes médiatiques, souvent aux discours figés et aux raisonnements simplistes au détriment d’un effort de recherche avancé et de savoirs universitaires ; sans oublier les actes condamnables commis par certaines minorités affiliées à l’islam mais dont l’islam est non seulement innocent de ces vils actes mais surtout s’en déresponsabilise totalement.
Quelle a donc été la réalité de cette brillante civilisation ? Quelles furent ses contributions et ses réalisations ? Quel impact a-t-elle eu sur l’Humanité ? Qui sont ces hommes et ces femmes qui l’ont porté aux nues ? Qui témoigna en sa faveur ? C’est à ces quelques questions que nous allons répondre dans cet ouvrage en dressant un bref tableau de cette civilisation afin de le diffuser et de le propager au maximum car elle fut, ni plus ni moins, le phare du monde durant presque…1000 ans.
Certaines vérités ont trop longtemps été occultées pour ne pas dire tues, des réalités ont été biaisées, des débats ont été tronqués et à l’opposé des contre-vérités ont été diffusées et propagées jusqu’à s’enraciner parfois dans la conscience collective.
Comme le disait judicieusement Mustafâ Sibâ’î :
« Il n’y a aucun avenir pour une nation qui est ignorante de son passé et il n’y a aucun futur pour une nation qui renie ses caractéristiques et ses vertus à une époque où ces mêmes vertus et caractéristiques sont si fortement connectées à l’idée de civilisation. C’est l’attitude des fainéants que de pleurer en regardant le passé dans le rétroviseur mais pire encore est l’attitude des ignorants haineux qui en plus d’être ignorant de leur héritage le méprise en dépit de la profusion de bien qu’il contient ! Ainsi donc, c’est une bonne chose que nous puissions tirer bénéfice de nos trésors afin de bâtir notre renaissance. »
Michel -‘Issâ – Petit
Extrait du livre “La Civilisation Arabo-Musulmane : du Ier siècle au Xème siècle de l’Hégire”, p.11 à p.15
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