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[Fiche de lecture] Esquisse d’une France Révolutionnaire 2/2

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Esquisse d’une France Révolutionnaire [2/2]
Fiche de lecture :  « Les luttes des classes en France au XXIe siècle ». Emmanuel Todd. Seuil. Paris. 2020.

Une France Prérévolutionnaire

Todd insiste sur ce triple déclin de la France, démographique, éducatif et spirituel, pour expliquer la fragilité de l’ordre politique actuel menacé par un climat révolutionnaire. C’est dans ce cadre qu’un puissant mouvement contestataire, quasi-insurrectionnel a pu émerger : les Gilets jaunes. Todd vante ici les mérites de ces longues manifestations dont il tire une série de conclusions.

La popularité des gilets jaunes parmi la population française, 70% au plus haut de la crise, prouve que la seule cause capable de mobiliser la France n’est ni la question « ethnoreligieuse » (la haine des musulmans portée par la droite), ni les questions sociétales (portées par la gauche), mais le remplacement des élites (p.327) :

« Ce soutien massif de l’ensemble de la population permet de définir dès le départ le mouvement des Gilets Jaunes comme un inverse exact du Rassemblement national. Le parti lepéniste n’est capable de récolter au second tour des élections présidentielles que 33% des voix et trouvera toujours les deux tiers des Français pour voter contre lui (…). Les Gilets jaunes ont, eux, été capables, un court moment, d’unifier la société française, de la rassembler, à l’inverse du “Rassemblement” national » (p.282)

Il est en effet important de souligner que la mobilisation de la France autour du rejet de ses élites, n’a d’égale que sa mobilisation contre l’extrême droite et ce qu’elle représente comme l’ont prouvé les scores électoraux de Chirac et de Macron face à Lepen, qui tournent toujours autour des 70%. Loin des apparences, l’hostilité contre les musulmans est donc purement illusoire, médiatique.

La France rejette autant ses élites qu’elle déteste ceux qui veulent ostraciser les musulmans. Todd précise que pendant sa campagne, Macron avait été le candidat le moins porté sur les questions « ethnoreligieuses » et que beaucoup ont voté pour lui, non pas pour son programme ou sa personne, mais parce qu’il incarnait à leurs yeux le meilleur barrage contre Lepen (p.244).

Il dévoile à ce sujet un coefficient de corrélation exceptionnellement élevé entre le vote Macron de 2017 et le vote Lepen par département. C’est-à-dire que, dès le premier tour, la majorité des personnes qui ont voté Macron l’ont fait pour contrer le Front National. On constate aujourd’hui à quel point ce calcul était faux, mais cela confirme que la haine des musulmans est totalement illusoire, que cette « cause » ne permet aucunement de mobiliser la société française.

Cette analyse est en cohérence avec le cadre théorique de Todd qui postule que les structures familiales déterminent l’orientation des pays. En l’occurrence, les statistiques montrent que le système familial libéral et égalitaire s’est généralisé ces dernières années à toute la France. Cela implique une contradiction flagrante entre le programme des élites actuelles et la réalité anthropologique de la France.

1. Premièrement, les valeurs égalitaires entrent en conflit avec le statut inférieur que les élites politiciennes et médiatiques veulent imposer aux musulmans. On exige de ces derniers qu’ils acceptent leur statut de paria, de se faire insulter et humilier sans réagir.

2. Deuxièmement, les valeurs de liberté entrent en contradiction avec la dérive du régime actuel vers toujours plus d’étatisme, d’une fiscalité agressive, d’un endettement public absurde et d’une infantilisation de la population par l’Etat qui est jugée de plus en plus insupportable.

Pour résumer : les deux piliers du régime actuel, l’oppression des musulmans et la toute-puissance de l’Etat, sont incompatibles avec le fond anthropologique français. Voilà peut-être la cause profonde du climat insurrectionnel et de ce rejet massif des élites. Au vu de toutes les informations réunies dans ce livre, nous en déduisons que les conditions sont réunies pour le déclenchement d’une révolution susceptible d’accoucher d’une France renouvelée. La fragilité du pouvoir est confirmée, nous l’avons dit, par les facteurs suivants :

1. La seule cause qui réunit la population française et suscite son enthousiasme est un rejet massif et indistinct des élites dirigeantes actuelles

2. L’effondrement intellectuel des élites dirigeantes les fragilise face à des masses réarmées intellectuellement

3. L’élite, réduite numériquement aux 0,1% des plus riches, n’a plus le pouvoir de résister.

4. La profonde crise religieuse a épuisé les forces morales de la population et rend nécessaire un renouvellement du programme civilisationnel

Je déduis de tout cela plusieurs choses pour l’avenir de ce pays : l’impossibilité pour le régime de se maintenir dans le temps au pouvoir et l’inéluctabilité d’une révolution qui réconciliera la France avec sa réalité profonde, égalitaire et libérale (politiquement). En l’occurrence le nouveau système proclamera enfin l’égalité entre ses citoyens musulmans et les autres et adoptera une forme de gouvernance sociétale où l’Etat jouera un rôle mineur.

Désormais, la question qui se pose légitimement est quelle est la force politique en mesure d’amorcer un tel changement ? C’est là que nous atteignons les limites du livre.


Les limites du livres

Avec toute la sympathie qu’on peut éprouver pour l’auteur et son œuvre, je remarque dans ce livre la même limite que dans tous ses précédents ouvrages. Tout son livre se présente comme le tableau d’une France affectée par un déclin généralisé. Toutes les strates de la société française subissent un déclin économique, démographique, éducatif et spirituel.

Pourtant, au détour de phrases ou dans l’intimité de ses digressions, Todd évoque une exception à cette fatalité sans jamais la développer clairement. En France, une population, et pas n’importe laquelle, échappe totalement à cette logique décliniste.

Il est surprenant que celui qui a décortiqué la société française, catégorie professionnelle par catégorie, classe sociale par classe sociale et département par département, s’immisçant même dans des sous-catégories telles que le « vote enseignant », n’ait pas explicitement affirmé que ceux qu’il appelle les « individus d’origine maghrébine » ou les « français musulmans » ont très visiblement connu au cours des 30 dernières années un processus exactement inverse à celui qui affecte la France.

Les musulmans, loin de connaitre une crise démographique, permettent à l’indice de fécondité du pays de se maintenir à une place honorable par rapport à ses voisins européens. Se basant sur les indices de fécondité et leurs disparités entre les territoires, il peut déclarer :

« La veille lutte pour la première place “en fécondité” entre la Mayenne catholique et la Seine-Saint-Denis immigrée est achevée : la Seine-Saint-Denis l’a emporté par KO technique » (p.99).

Il renchérit avec les statistiques des prénoms donnés aux nouveau-nés qui indiquent là encore que près de 20% des nouveau-nés reçoivent un prénom fortement marqué par l’identité arabo-musulmane (p.103), voire plus si on prend en compte des prénoms qui sont moins marqués culturellement. Il est par ailleurs étonnant qu’il n’en ait pas tiré toutes les conclusions qui s’imposent. Ce type de configurations démographiques n’est pas sans importance et Todd le sait très bien.

Nous avons déjà rappelé que Todd avait prédit en 1976 la chute de l’empire soviétique en étudiant l’augmentation du taux de mortalité des nouveau-nés. L’historienne Hélène Carrière D’Encausse avait elle aussi, en 1978, prédit la défaite communiste en arguant du dynamisme démographique des populations musulmanes vivant en périphérie de l’empire, comparé avec le taux de fécondité très bas des populations slaves[1].

Les thèses de Todd comme celle de Carrière D’Encausse avaient été très bien accueillies à leur époque car elles caressaient la propagande occidentale dans le sens du poil. Il faut donc s’étonner que ces deux auteurs n’annoncent pas aujourd’hui la « chute finale », la fin prochaine du régime français en comparant la vitalité démographique des musulmans français comparée à l’effondrement de la natalité chez leurs compatriotes non-musulmans.

L’autre réalité démographique occultée par Todd est le degré d’imbrication de la communauté arabo-musulmane dans la société, Todd répète à l’envi deux préjugés sur les musulmans qu’il dément lui-même dans d’autres pages. Il décrit le plus souvent une communauté musulmane cantonnée dans les couches inférieures de la société, avec un niveau éducatif et social très bas. Les musulmans seraient même détestés par le milieu ouvrier français votant massivement Lepen car il verrait en eux une population encore plus vile qu’eux à mépriser.

Mais plus loin, il admet, sans la chiffrer, une « dispersion des enfants d’immigrés dans toutes les classes autres qu’ouvrières » (p.338). Il suffit de regarder en face la réalité de la communauté musulmane et sortir des fantasmes médiatiques, pour s’apercevoir que « nous sommes partout » dans la société et de moins en moins dans la classe ouvrière. Les musulmans se retrouvent de plus en plus parmi les entrepreneurs, dans le corps médical, parmi les ingénieurs, chez les petits commerçants, dans la recherche, etc.

Etant donné la disparition du catholicisme, il n’existe certainement pas d’autre groupe ethnique ou religieux ayant fait corps avec autant de force avec toutes les strates de la société française. Dans une France en pleine déconfiture et cloisonnée par catégories professionnelles, les musulmans, ancrés dans tous les milieux sociaux, font figure de « colonne vertébrale » de la société.

C’est justement ce dynamisme des musulmans français et leur ascension sociale qui posent problème aux élites dirigeantes. Si les arabo-musulmans étaient tous manœuvres ou travaillaient tous sur des chaines de montage, le dossier « islam » ne dérangerait pas et ne serait pas en tête dans l’agenda médiatique et politicien. Au final, la haine du musulman relève des mêmes ressorts que l’antisémitisme européen du début du XXe siècle : la jalousie.

On reprochait alors aux juifs leur pouvoir et leur richesse dans une Europe affectée par différentes crises (morale et économique principalement). On reproche aujourd’hui aux musulmans leur vitalité, leur ascension sociale et leur niveau de vie ascendant. L’autre préjugé erroné que Todd répète inlassablement dans ses livres est le prétendu repli ethnique et familial des musulmans. Todd fustige dans tous ses livres l’endogamie maghrébine pour finalement concéder l’inverse :

« En vérité, suffisamment d’individus d’origine maghrébine se sont intégrés ou ont eu des enfants mixtes qui se sont intégrés pour que la soudure avec l’ensemble de la population française soit déjà faite » (p.108).

Quand il évoque cette mixité, c’est pour tout de suite se rassurer et rassurer son lectorat. Cette mixité serait la preuve que « beaucoup se sont largement assimilés ». Mais la réalité quotidienne montre que l’exogamie des arabo-musulmans a engendré, non pas leur désintégration, mais l’inverse : une influence culturelle et souvent cultuelle, massive et visible de l’islam qui infuse dans toute la société.

Cette influence ne provient pas de quelques familles supposément repliées sur elles-mêmes, mais de l’immense majorité des musulmans qui, contrairement à d’autres communautés ethniques et religieuses, a fait corps avec le pays et n’hésite pas à se mélanger. Combien, parmi les jeunes musulmans « radicalisés », sont le fruit d’un mariage mixte entre un français de souche non-musulman et une femme maghrébine « intégrée » ? Combien de jeunes français n’ont qu’un grand-parent maghrébin et redécouvrent l’islam pour en devenir de fervents pratiquants ?

Les élites dirigeantes ne sont nullement épouvantées par le prétendu séparatisme, mais par son contraire, l’infusion lente et irrépressible de l’islam dans tous les recoins de la France. Ces élites sont d’autant paniquées qu’elles prennent conscience qu’elles sont abhorrées par les masses qui réclament leur départ avec toujours plus de virulence, quand les musulmans poursuivent leur ancrage dans la société française.

Les occultations ne s’arrêtent pas à l’aspect démographique. Todd, nous l’avons vu, pointe du doigt le déclin éducatif français qui touche l’ensemble des catégories socioprofessionnelles. Là encore, il est étonnant qu’il n’ait pas relevé qu’un groupe échappe à la règle et voit, à l’inverse, son niveau scolaire et universitaire monter en flèche comme le prouvent les frictions toujours plus vives entre étudiants musulmans et les pontes de l’institution universitaire, suscitant récemment la querelle de l’« islamo-gauchisme à l’université » soulevée par le ministre Blanquer[2].

Les vieilles élites grincheuses voient d’un mauvais œil l’arrivée massive sur les bancs universitaires et même sur les chaires, de jeunes chercheurs et professeurs musulmans. A ce propos, il aurait aussi été pertinent de mettre en relation sa critique du système universitaire français fermé aux esprits trop intelligents et contestataires, avec les recherches qui démontrent les discriminations avérées que subissent les étudiants de « sexe masculin » identifiés comme arabo-musulmans.

Au niveau des collèges et lycées, il faut se rappeler des campagnes, menées par les anciens ministres de l’éducation, qui visaient à expurger le corps enseignant de tout « islamiste ». Todd a judicieusement relevé le phénomène d’accumulation des intelligences dans les classes sociales inférieures du fait des dysfonctionnements du système universitaire, mais a totalement ignoré que ce phénomène est bien plus spectaculaire au sein de la communauté musulmane, dont le niveau de conscientisation et d’intellectualisation s’élève chaque jour et mènera tôt ou tard à un face-à-face déséquilibré entre un régime décadent et une jeunesse musulmane apte à assumer une transition politique.

A chaque étape clef du livre, la question de l’islam est là, présente mais invisible, comme l’énergie noire contenue dans l’univers. Todd effleure parfois la question dans des éclairs de génie, mais ne transforme jamais ses remarques en conclusions pertinentes. Pourquoi toutes ces omissions ? Sans doute enfermé dans des préjugés persistants, Todd a l’habitude de considérer les musulmans avec beaucoup de condescendance et semble incapable d’imaginer que cette population puisse avoir un rôle particulier à jouer.

Venons-en maintenant à la question de la crise religieuse, si importante selon Todd pour comprendre le déclin français. Il évoque un effondrement de la pratique religieuse alors qu’il s’agit essentiellement d’une crise du catholicisme. L’islam, contrairement aux déclarations de Macron, n’est pas en crise et c’est précisément ce qui enrage les partisans d’une xénophobie d’Etat.

Il faut rappeler que les intenses campagnes médiatiques contre l’islam sont attisées par les sondages qui indiquent que les jeunes musulmans (moins de 35 ans) sont bien plus attachés à l’islam que leurs ainés, au moment même où le christianisme pousse son dernier soupir[3]. On peut s’étonner qu’il n’ait pas vu la « dissociation » entre ce déclin religieux catholique et le regain de la pratique religieuse chez les jeunes musulmans.

Cette dissociation est d’autant plus significative que la seule population encore dotée d’une foi dans ce pays (et à qui on la lui reproche) est aussi la plus dynamique démographiquement. L’un des indices utilisés pour mesurer l’effondrement de la pratique religieuse est le nombre de messalisants par département, c’est à dire les fidèles qui assistent régulièrement à la messe dominicale.

Or, la comparaison s’impose d’elle-même avec une communauté musulmane à qui l’extrême droite reproche les « prières de rue », c’est-à-dire le nombre croissant de fidèles assistant au sermon du vendredi et qui, faute de place dans des mosquées pleines à craquer, doivent rester en dehors du lieu de culte. Autrement dit, la pratique religieuse chez les musulmans suit une évolution inversement proportionnelle à celle du reste de la société. La crispation de l’extrême-droite autour de cette question des prières de rue est une jalousie inconsciente envers une communauté qui ne souffre pas de cette crise religieuse.

La conclusion logique qu’on peut déduire de cette dissociation est qu’au sein d’une population fatiguée, déclinante et désorientée, les musulmans représentent la seule force réellement révolutionnaire de ce pays. Armés de la foi, ils sont les seuls qui disposent de la vigueur morale et physique pour constituer le noyau d’un futur ordre politique et fédérer toutes les composantes de la société.

Il y a enfin la question de Jésus et du renouveau religieux de la France. Pour moi, qui ait écrit « La voie des Nazaréens » et « Pourquoi Jésus doit-il revenir selon la Tradition musulmane ? », cette intuition de Todd prend un sens tout particulier. Dans une France rongée par l’athéisme, quelle est la faction qui représente dignement le message de Jésus ? Les Juifs, les catholiques zombies, pour reprendre le concept de Todd ? L’Occident n’a retenu de Jésus que le peu qui l’intéressait sans contextualiser ses paroles, et sans comprendre la portée réelle de son message.

Celui-ci s’était présenté à ses disciples comme un prophète venu réformer le peuple juif qui était, à cette époque, une minorité religieuse méprisée pour sa foi monothéiste au sein d’un empire romain païen, celui-là même que Todd dépeint comme décadent et rattrapé par le vide spirituel et existentiel. On reprochait aux juifs leurs interdits religieux, la circoncision jugée barbare par les Romains, mais on leur reprochait par-dessus tout leur culte monothéiste qui leur interdisait de vouer un culte à l’empereur romain divinisé.

Dans cette époque tumultueuse, Jésus s’adressait à un peuple juif oscillant entre l’assimilation totale à la culture gréco-romaine et le repli farouche incarné par le pharisaïsme et le zélotisme. Il les enjoignait à refuser cette domination païenne tout en se réformant de l’intérieur. Aujourd’hui encore, les héritiers de l’empire romain, retournés après 2000 ans dans le vide abyssal de l’hédonisme athée, développent contre les musulmans une même haine, motivée par les mêmes causes.

Ils reprochent aux musulmans de ne pas se courber devant cette idole abstraite et absurde qu’est la « République », ils leur reprochent leurs pratiques jugées barbares. Ils abhorrent ceux qui s’imposent encore des limites, des interdits religieux. Comme les Juifs il y a 2000 ans, les musulmans sont tiraillés entre l’injonction de s’assimiler et la tentation du repli sectaire.

La voie de Jésus s’impose donc aux musulmans comme une source d’inspiration toute choisie qui se résume à « se réformer soi-même pour mieux renverser l’ordre dominant ». La figure de Jésus, révérée par les musulmans et respectée par les occidentaux, serait-elle le point de convergence pour amorcer une lutte révolutionnaire commune ?

Pour répondre à cette question, revenons au cadre théorique de Todd. Celui-ci affirme que les structures familiales orientent tout un pays, que la manière dont nous concevons nos relations familiales va déterminer notre vision du pouvoir politique. En France, l’athéisme triomphant a produit des structures familiales distendues, déstructurées, où les relations familiales sont totalement libérales et égalitaires.

Le fond du problème français réside dans cette contradiction entre une population travaillée par les valeurs égalitaristes et libérales et un ordre établi qui profère un discours d’extrême-droite profondément inégalitaire quant à la place des musulmans ainsi que dans les rapports économiques, et autoritaire dans sa conception d’un Etat dirigiste et prédateur.

La révolution qui doit être engagée devra réconcilier la France avec son fond anthropologique, répondre aux aspirations du peuple qui se dresse contre l’ostracisation de toute communauté ethnique ou religieuse et qui réclame une gouvernance sociétale. Mais qui, mieux que les musulmans, peut réaliser ces deux grandes aspirations ? Pour ce qui est de la première aspiration, les musulmans peuvent apporter au pays un apaisement et une tolérance mutuelle et constructive.

Quand les rois de France, excités par le clergé catholique, exterminaient les fidèles de la religion Cathare jusqu’au dernier, quand ils multipliaient, générations après générations, les pogromes contre les Juifs, qu’ils exterminaient les autres courants chrétiens non-trinitaires implantés en Occitanie, et quand ils livraient une guerre sans merci et pluriséculaire contre les Protestants, les musulmans autorisaient partout juifs, chrétiens, samaritains, sabéens, mazdéens, hindous et à tant d’autres confessions religieuses à construire leurs lieux de culte.

D’ailleurs, l’athéisme d’Etat n’est que la version laïque de l’universalisme catholique et seule une égalité réelle entre les fidèles des diverses croyances pourra rétablir l’apaisement. Pour ce qui est de la deuxième aspiration, les musulmans auront un rôle bien plus grand à jouer. La France est ravagée par les méfaits d’un Etat hypertrophié qui détruit l’économie et appauvrit la société en organisant, via l’impôt et l’endettement public outrancier, la migration des ressources vers les détenteurs de cette dette publique.

C’est contre cette violence fiscale que les Gilets jaunes se sont soulevés et, dans le monde entier, c’est contre ce même étatisme et son corollaire, l’impôt excessif, que la plupart des mouvements de contestation (Chili, Liban, etc.) se sont dressés. Cependant, les vieilles forces politiques se montrent incapables de surmonter la contradiction entre la nécessité de limiter l’étatisme et le besoin de solidarité sociale, dans la mesure où ils ne savent pas organiser et financer des services publics et la redistribution sans passer par ce Léviathan inefficace et fastueux qu’est l’Etat.

Les musulmans ont l’avantage d’être les seuls à avoir durablement expérimenté dans l’Histoire l’unique forme de gouvernance sociétale qui ait fonctionné. Non seulement l’islam interdit à l’Etat l’impôt et l’endettement par intérêt, mais il lui retire aussi la quasi-totalité des fonctions sociales et de développement. Le Waqf est un système de gouvernance non-étatique qui a permis, pendant des siècles, de gérer et financer toutes les infrastructures publiques sans la médiation de la puissance publique.

C’est le waqf qui, dans le monde musulman, a donné naissance aux premières universités de l’Histoire, celles qui servirent de modèle aux universités européennes, qui a financé la santé (hôpitaux, dispensaires), la recherche (des observatoires astronomiques, des bibliothèques et des instituts scientifiques), les routes et les complexes hydriques, et évidemment des œuvres sociales (aides aux démunis, orphelinat, etc.).

Forts de leur Histoire et de leur patrimoine, les musulmans détiennent l’unique clef capable de débloquer la situation et de porter un projet de gouvernance sociétale et réticulaire inspiré du Waqf et adapté aux réalités contemporaines. Notre mot de la fin sera : « Le salut de la France par les musulmans ! »




A. Soleiman Al-Kaabi

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