Les prétextes, à l’épreuve des textes [2/3]
Les prétextes, à l’épreuve des textes [2/3]
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c) Le glaive dégainé, sus à l’insulteur du Messager :
Tout le monde connait l’anecdote à l’origine de la composition d’ « As Sarim ul Maslul ‘ala Shatim ir Rasul »,[1] nous rentrerons donc directement dans le vif du sujet. Dans cet ouvrage, Ibn Taymiyya explore quatre dimensions liées à la question de l’insulte envers Allah et Son Messager. La première lui sert à établir qu’il est obligatoire d’exécuter celui qui insulte le Messager (prière d’Allah et paix sur lui), qu’il soit musulman ou mécréant. La deuxième aborde le statut particulier de la mise à mort, en tant que peine légale, ne devant pas être commuée en condamnation alternative, offrant par exemple au coupable de pouvoir s’acquitter d’une rançon pour indemniser l’Etat suite à son méfait.
Le développement de cette question sert à distinguer le cas du musulman, en tant qu’apostat et perfide (zindiq), du « dhimmi », sur lequel les juristes divergent quant à l’immuabilité de sa peine, certains discutant des situations de déchéance de ses droits et sa condition d’homme libre, dans le cadre de débats juridiques. Différencier le mécréant de base de l’apostat contribue à clarifier le problème. La troisième, plus épineuse encore, s’attache à démontrer qu’en ce domaine, peu importe que l’individu soit musulman ou pas, son repentir [apparent] n’est pas accepté, à l’image de la gestion d’une situation semblable par Khalid ibn Al Walid, les déclarations de l’imam Ahmad et d’autres.
Là aussi, la divergence sera abordée, afin de cerner dans quelle mesure le « dhimmi » a rompu le pacte de protection le liant à l’Etat, l’auteur discutant à nouveau du cas où l’impie embrasserait l’islam, acte par lequel il incombe au juriste de savoir s’il est désormais exonéré de la peine ou pas, l’auteur ayant bien évidemment sa propre opinion qu’il avance et défend en ces pages. C’est la partie principale de l’ouvrage, servant d’axe à ses démonstrations. La quatrième et dernière dimension, a pour fonction de délimiter les seuils d’infraction, afin de distinguer ce qui relève réellement de l’insulte, juridiquement parlant, et le distinguo à établir entre celle-ci et plusieurs formes de mécréance.
Comme on s’en doute, le passage qui nous intéresse se situe dans la troisième partie, toujours pris dans ses développements sur l’assimilation de l’apostat et du « dhimmi », dont il rejette en bloc le repentir. L’un des points de son argumentation consiste à souligner que les Prophètes (paix sur eux), et le dernier en particulier, ne sont pas des hommes comme les autres, et si l’insulte ou les torts envers un citoyen peut relever du talion et des peines légales ou discrétionnaires, ce n’est pas le cas lorsqu’un prophète est visé, sachant qu’en la matière, tout un chacun est sur un pied d’égalité, bien qu’il faille rattacher chaque infraction au degré de violation dont se rend coupable l’accusé.
De fait, l’assurance de protection accordée au « dhimmi » repose sur son engagement à ne pas violer les clauses de son pacte, sans quoi il sera l’objet de poursuites, et si l’on sait qu’en causant du tort à un concitoyen, musulman ou pas, en attentant à son sang, ses biens ou son honneur, puis se convertissait, on ne fermerait pas les yeux sur son crime, à plus forte raison on ne le relaxera pas d’avoir profané la sacralité du Prophète (prière d’Allah et paix sur lui).
Et il est certes (prière d’Allah et paix sur lui), prophète de la miséricorde (rahma), prophète du carnage (malhama), et il est « Ad Dahuk Al Qattal ».[2]
d) La Voie de la tradition prophétique :
Nous avons également sa Somme polémique dédiée à la réfutation des thèses chiites, le fameux « Minhaj us Sunna[t] in Nabawiyya fi Naqd Kalam ash Shi’a wal Qadariyya ».[3] Comme annoncé dès l’introduction par l’auteur lorsqu’il expose les motifs l’ayant poussé à écrire cette Somme,[4] on comprend rapidement que cet ouvrage déborde largement la question du prisme anti-sectaire, s’affranchissant du cadre des strictes réfutations adressées à tel ou tel groupe d’hérétiques, pour se hisser à un niveau plus global, d’où il pourra mettre le doigt sur les fondations philosophiques sous-jacentes aux ambiguïtés auxquelles il réplique.
Malgré la conservation d’une structure adoptant un déroulé de thèmes, arguties et auteurs successifs (d’obédience non exclusivement chiite), afin d’en faciliter la consultation, Ibn Taymiyya donne l’impression d’alléger la densité théorique de ses répliques, sans jamais sacrifier en profondeur lorsque luit la pénétration de ses analyses.
Le lecteur pourrait s’interroger sur l’intérêt réel d’élargir le débat en usant du prétexte de répondre à des aberrations et figures précises. Si, de prime abord, la réponse n’est pas évidente, elle apparait dès l’instant où l’on s’autorise un brin de recul, un pas en retrait. En effet, en retraçant la plupart des hérésies et groupes surgissant au fil de l’Histoire, on s’aperçoit qu’ils partagent souvent une origine commune, que leur socle idéologique et les théories qu’ils en font dériver sont empruntées à des figures de proue dont ils ne sont que de pâles copies.
De fait, qu’elles soient politiques, dogmatiques, méthodologiques ou autre, leurs idées corrompues sont puisées chez les Mu’tazila, Jahmiyya, Qadariyya et consorts, dont les chiites, ash’arites et affidés, en fin de compte, ne font que recycler et se réapproprier les thèses, les premiers ayant eux-mêmes plagié des logiciens et penseurs maintes fois réfutés par après. D’où l’intérêt, pour Ibn Taymiyya, de renvoyer dos à dos les opposants à l’orthodoxie, avant d’appuyer sur la nature philosophique ou théologique de leurs positions controuvées qu’il pourra ensuite méthodiquement démonter.
En résumé, s’il ouvre le bal avec des autorités rivales de son temps, tel Ibn Mutahhar Al Hilli[5] (648-726H), puisque c’est originellement son ouvrage « Minhaj Al Karama » qu’il réfute, Ibn Taymiyya va très vite resserrer le propos et ramener le débat vers des discussions philosophiques de bien plus haute volée, au cours desquelles il fera voler en éclat les prédicats et présupposés logiques de ses adversaires. C’est d’ailleurs précisément parce que les chiites soutiennent des énormités sur la question du Destin et Décret divin, qu’Ibn Taymiyya intègre cette dimension au propos qu’il va fondre en une réfutation générale et systématique.
Ainsi, qu’il s’agisse de l’imamat, des prophètes, des Noms et Attributs divins, la question de l’occultation et des douze imams, chaque mésinterprétation des « Rafida » sera passée au crible, déboulonnée tant du point de vue rationnel que textuel, poussant la démonstration jusqu’à donner des exemples d’implications juridiques multiples que de telles positions génèrent en se ramifiant au Droit canonique. De même, tout en lavant l’honneur des Compagnons du Prophète et clarifiant des zones d’ombre sur lesquelles prennent appui les chiites, les sections dédiées à Abu Dharr Al Ghifari, Abu Bakr, ‘Umar, ‘Ai-isha, Mu’awiyya, Khalid ibn Al Walid, et tant d’autres seront l’occasion d’incises et parenthèses oscillant entre correction et prolepse.
Y compris pour ce qui touche aux temps post-prophétiques, tel le fameux épisode où Fatima s’est vue refuser l’octroi d’héritage, le maintien ou démantèlement de l’armée d’Usama, les affrontements ayant conduits à l’émergence des Khawarij, le meurtre de Husayn, la justification de leur doctrine par le rattachement de Wasil ibn ‘Ata au lignage idéologique des descendants du Prophète (prière d’Allah et paix sur lui), le tout jusqu’aux annonces eschatologiques ; aucune prétention ni ratiocination faussement alambiquée ne sera négligée.
Avec force, et sans concession, leur réappropriation et falsification des significations du Coran et de la Sunna sera balayée, une équivoque après l’autre, verset par verset, hadith par hadith ; naviguant entre calomnies et paroles inventées, l’auteur tentera de se frayer un chemin au milieu de leurs armes maléfico-rhétoriques favorites. Ainsi, jusqu’à avoir épuisé l’ensemble des points avancés par Al Hilli, s’effondrant un à un sous les coups de massue théologico-juridiques, nul doute ne subsistera quant à la nature contrefaite de ce dogme.
Alors qu’il venait d’achever les réponses innocentant Abu Bakr dans le précédent, s’étalant sur une moitié quasiment entière du sixième volume, l’auteur est pris dans de longues répliques visant à réfuter les innombrables calomnies chiites à l’égard de ‘Umar ibn Al Khattab (qu’Allah l’agrée), avant d’embrayer sur ‘Uthman et ‘Ali. Parmi leurs inlassables reproches infondés, ils arguent de la mise en place par ‘Umar d’un comité de consultation pour désigner son successeur, sans avoir nommé de Calife après lui, divergeant en cela de ceux l’ayant précédé.
Il y aurait évidemment beaucoup de choses à dire, mais nous nous contenterons ici de l’un des aspects consistant à rappeler que le Prophète (prière d’Allah et paix sur lui) en personne nous enjoignit à adopter la conduite des Compagnons, notamment celle des quatre Califes dits « Bien Guidés », la voie qu’ils tracèrent étant à suivre. Au cours de son exposé, Ibn Taymiyya glisse une observation digne d’intérêt :
Et c’est par tout ce qu’il y a de plus Juste et empreint de perfection que fut envoyé notre Prophète (prière d’Allah et paix sur lui), car de la même manière qu’il est « Ad Dahuk Al Qattal », il est Prophète de la miséricorde (rahma), et Prophète du carnage (malhama). Plus encore, sa propre communauté est dépeinte au moyen de ces attributs, comme en témoigne Sa parole – exalté soit-Il - :
{Durs envers les mécréants, miséricordieux entre eux} [S.48, v.29], ou encore Sa parole {doux avec les croyants, fiers et puissants envers les mécréants} [S.5, v.54].
Ainsi, se trouvaient combinées chez le Prophète (prière d’Allah et paix sur lui) dureté et douceur, s’appliquant à tel ou tel sujet, et tout ce qu’il se permit d’ordonner n’est que pure justice, d’où leur devoir d’obéissance envers lui, conférant à leurs actes une totale rectitude. De cette façon, lorsqu’Allah rappela auprès de Lui Son Prophète, la charge de Calife des musulmans leur étant alors dévolue ne fut qu’une perpétuation du Califat prophétique. [S’il fallait illustrer,] cela transparaît dans l’exemplarité d’Abu Bakr, qui sut faire prévaloir la fermeté et en tirer avantage lorsque cela était indiqué et pouvait servir sa gouvernance, modérant ses décisions par la dose suffisante de douceur permettant d’équilibrer la sévérité de rigueur.
En effet, de la même manière que s’en remettre uniquement à la clémence dans ses affaires contribue à une forme de corruption globale, n’user que de son opposé, la rudesse, mène à un résultat similaire. Sa position fut donc celle qu’adoptait le Prophète (prière d’Allah et paix sur lui), s’appuyant simultanément sur les conseils de ‘Umar, les compétences de Khalid, et ainsi de suite. Autant d’éléments démontrant la complétude de sa compréhension, lui qui devint par ces qualités le Calife du Messager d’Allah (prière d’Allah et paix sur lui).[6]
Par ces remarques, on saisit plus aisément son positionnement lors des guerres d’apostasie, refusant de se mettre au diapason, malgré les appels à la mansuétude de ‘Umar et consort, poussant Abu Bakr à raidir proportionnellement ses décisions (puisse Allah être satisfait d’eux).
2 – Quand l’élève imite le maître
Dans le prolongement de son mentor, Ibn Qayyim Al Jawziyya fait appel à ce titre, et ne se gêne pas pour l’inclure dans ses travaux et démonstrations. Premièrement, nous le trouvons dans « Zad ul Ma’ad fi Hadi Khayr il ‘Ibad ».[7] Après l’avoir cité quelques pages auparavant dans une liste de noms lui étant attribués,[8] il y revient au sein d’une section où l’auteur explique le sens des noms du Prophète (prière d’Allah et paix sur lui), nous renseignant comme suit :
Quant à [son nom] « Ad Dahuk Al Qattal », il s’agit de deux noms indissociables, ne pouvant s’appréhender l’un sans l’autre. Ainsi, [il faut comprendre] qu’il se montre « dahuk » envers les croyants, sans morosité (‘abis) aucune, ni maussaderie (muqattib), encore moins d’acariâtreté versant dans l’irascibilité (ghadub), ou incivile trivialité (fazz). « Qattal », il l’est envers les ennemis d’Allah, dont il n’a que faire des sournoiseries vindicatives et invectives, qui dans les faits, ne l’atteignent nullement.[9]
C’est dans cette même section que l’auteur explique le titre de « nabiy ul malhama », du fait qu’il fut envoyé pour le Jihad contre les ennemis d’Allah, élargissement de cette lutte sans comparaison avec les oppositions et antagonismes rencontrés par les prophètes et nations précédentes.[10]
Certains lecteurs auront probablement entendu parler du livre « Hidaya[t] ul Hayara fi Ajwiba[t] il Yahud wa an Nasara »,[11] dont la cause de rédaction, expliquée en amorce de l’ouvrage, fut motivée par les ambiguïtés propagées par les partisans de faux au sujet de l’islam, notamment leur affirmation que l’islam se serait propagé uniquement par l’épée, auxquelles Ibn Al Qayyim souhaitait répondre.[12]
A cet effet, il divisa son ouvrage en deux parties, la première s’intéressant aux réfutations de leurs allégations, la seconde s’appliquant à démontrer l’authenticité du « prophétat » endossé par Muhammad (prière d’Allah et paix sur lui) qui, dans les faits, sert quelque peu de conclusion, au vu du peu de pages qu’elle couvre, n’ayant d’autre but que de répondre à ceux qui, à l’instar des juifs et chrétiens, refusent d’embrasser sa mission et rejettent son allégeance.[13]
La troisième thématique traitée retrace les mentions de son nom et sa venue dans les livres révélés précédents, de manière à montrer qu’il est inconvenant de le dénigrer, puisqu’il fut l’objet d’annonces et descriptions élogieuses avant même sa naissance. La section survolant les positions d’érudits musulmans quant aux dénominations issues de la Torah, s’appuiera sur l’autorité de sommités indiscutables, le géant de son temps, prolifique et éclectique écrivain Ibn Qutayba (213-276H) en tête.
Au niveau du vingt-troisième point, alors qu’il continue à dérouler ses analyses tirées du Livre d’Isaïe (Ch.42, v.1-7), à partir de l’Ancien Testament, Ibn Al Qayyim commente le passage y piochant quelques termes et segments. Il s’arrête notamment sur l’expression qui, rendue en arabe, évoque sa façon modérée de manifester son contentement, sans ricaner (la yadhak), ni élever exagérément la voix en public. L’auteur se réjouit donc de la comparaison :
[Ceci,] conformément à sa façon d’être (prière d’Allah et paix sur lui), tel qu’il nous fut décrit par ‘A-isha (qu’Allah l’agrée) : « Le Messager d’Allah (prière d’Allah et paix sur lui) ne riait pas au point de laisser apparaître ses molaires, mais se contentait plutôt de sourire jovialement ».[14] La raison provient du fait que s’esclaffer avec excès dénote une certaine légèreté spirituelle, un manque de raison, contrairement au sourire, à inscrire parmi les nobles qualités constitutives d’une moralité éminente, symbolisant la finesse et la plénitude de l’entendement.
Parmi les caractéristiques que nous lui trouvons dans les livres antérieurs, il (prière d’Allah et paix sur lui) est décrit en tant que « Ad Dahuk Al Qattal ». Bien entendu, ce qui est voulu par cela ne contredit en rien la possibilité qu’il puisse rire ou se montrer clément et d’un comportement exemplaire, y compris en plein combat, du moment que cela s’inscrit dans le cadre de l’amour d’Allah et la défense de Ses droits, ce qui ne l’empêche pas de sourire lorsqu’une telle attitude convient.
Ici, il s’agit avant tout de mettre chaque chose à sa place, et donc d’adopter le comportement adéquat selon les circonstances, ce qui implique également d’épurer le rire, moyennant défalcation de toute forme de vanité, dédain et travers semblable. L’abondance en la matière, on ne le sait que trop, relève d’une frivolité et badinerie manifeste, quand la tempérance (i’tidal) exige d’en émonder tout répréhensible (munkar) résiduel.[15]
3 – Le Hafiz Ibn Kathir prend le pli
Plus haut, nous y faisions déjà allusion, par deux fois, dans son exégèse,[16] Ibn Kathir opère un rapprochement entre ce surnom et le Verbe d’Allah. Tout d’abord, situons le curseur afin de mieux appréhender l’insertion du titre prétendument sanguinaire. Ibn Kathir est occupé à dérouler le long passage de la cinquième sourate (Al Ma-ida) dans lequel Allah formule répétitivement Ses injonctions en matière de Jugement, décrit comme étant Sa propriété exclusive, mettant clairement en garde contre le recours à une législation abrogée ou humaine.
Séquence coranique parsemée de dissuasions envers toute forme de désertion quant à la cause censément défendue par le croyant, de trahison ou volte-face, de ralliement au camp des opposants à l’islam par lequel serait brisée l’alliance de foi prévalant en toute circonstance, autrement dit, de fourberie en tout genre.
Ce passage établit une claire démarcation entre deux partis en lice ici-bas : les alliés d’Allah, Son Messager et les Croyants ; face aux alliés du faux, si protéiforme qu’il soit. Catégorie englobant nombre de déclinaisons et dérives potentielles, comme les hypocrites atteints de cette fameuse « maladie du cœur » les frappant immanquablement en cas de compromission intellectuelle, ceux qui prennent le dépôt de la foi à la légère et se rendent irrémédiablement coupables de violations et railleries diverses, les Gens du Livre hésitant à rejeter Coran et ultime prophète, païens enracinés dans le mimétisme clanique, pris en étau entre l’héritage tribal et les rais de vérité qu’ils perçoivent, etc. A partir de cet enchevêtrement descriptif, Allah énonce :
{Ô vous qui croyez ! Si certains d’entre vous apostasient de Sa religion, Allah fera surgir [en remplacement] un peuple qu’Il aimera et dont Il sera aimé en retour. Se montrant humbles avec les croyants, mais d’une rigueur [empreinte de fierté et puissance] envers les mécréants, combattant dans le sentier d’Allah, ne craignant le blâme d’aucun détracteur. Telle est la grâce d’Allah, qu’Il accorde à qui Il veut. Allah est Incommensurable et Omniscient.} [Sourate 5, verset 54]
Alors qu’il explique le segment {humbles envers les croyants, intransigeants envers les mécréants}, Ibn Kathir commente :
Ceci compte au nombre des caractéristiques propres aux croyants accomplis, à savoir faire preuve d’humilité envers son frère et allié, tout en déployant une relative fermeté à l’endroit de son adversaire et ennemi, à l’instar de ce qu’Il – exalté soit-Il – déclara : {Muhammad est le Messager d’Allah, ceux qui sont à ses côtés se montrent durs envers les impies, miséricordieux entre eux} [Sourate 48, verset 29]. D’ailleurs, parmi les caractéristiques du Prophète (prière d’Allah et paix sur lui), nous trouvons : « Ad Dahuk Al Qattal », au sens de « Dahuk » envers ses alliés, et « Qattal » envers ses ennemis.[17]
Quelques sourates plus loin, juste avant que ne s’achève la neuvième sourate (At Tawba), l’Auteur du Livre décoche un verset sur le mode impératif, à même de glacer le sang de plus d’un islamophobe.
{Ô vous qui croyez ! Combattez ceux des infidèles qui vivent dans votre voisinage ! Qu’ils trouvent en vous d’implacables [adversaires] ! Et sachez qu’Allah est avec ceux qui Le craignent.} [Sourate 9, verset 123]
Après s’être appesanti point par point sur les versets précédents, Ibn Kathir en vient au segment {qu’ils trouvent en vous de la dureté}, qu’il commente :
[C’est-à-dire : veiller à ce que les mécréants rencontrent de votre part de la dureté][18] à leur encontre, dans votre combat contre eux. En effet, le croyant accompli est celui qui sait se montrer plein de compassion (rifq) envers son frère croyant, tout en manifestant une ardeur intraitable (ghilza) face à son ennemi impie. En témoigne Sa parole : {Allah fera surgir [en remplacement] un peuple qu’Il aimera et dont Il sera aimé en retour. Se montrant humbles avec les croyants, mais d’une rigueur [empreinte de fierté et puissance] envers les mécréants} [Sourate 5, verset 54] ; ainsi que Sa parole {Muhammad est le Messager d’Allah, ceux qui sont à ses côtés se montrent durs envers les impies, miséricordieux entre eux} [Sourate 48, verset 29] ; mais aussi Sa parole {Ô Prophète ! Combats les mécréants et hypocrites, et montre-toi intraitable avec eux} [Sourate 9, verset 73 ; ainsi que Sourate 66, verset 9]. De même dans le hadith : Le Prophète (prière d’Allah et paix sur lui) a dit « ana ad dahuk al qattal ». C’est-à-dire qu’il se montre affable (dahuk) envers les siens, et cause la perte (qattal) de ses principaux adversaires. » [19]
H. C.
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