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[Article] Créer une monnaie virtuelle indexée sur l’or ?

[Article] Créer une monnaie virtuelle indexée sur l’or ?

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Le simple fait de détenir des monnaies non-indexées sur des valeurs réelles nous rend tous complices du système financier ribawîque qui en plus des injustices et inégalités qu’il engendre, rend la situation économique mondiale très instable. Il est donc devenu indispensable pour les musulmans d’élaborer des alternatives aux monnaies actuelles.

Nous partageons aujourd’hui cette « contribution de lecteur » très intéressante sur la monnaie, les banques et du Ribâ, qui évalue la possibilité de créer une monnaie électronique indexée sur l’or. Nous espérons que cette contribution nourrira la réflexion sur cette question cruciale, sans exclure d’autres solutions pertinentes…

« Si j’étais un chiffre je serais le zéro, comme leur tolérance et ce que représentent nos euros »
M. Zaouiche"

les gens vont aller très loin avec leur monture, et ils ne trouveront guère quelqu’un de plus savant que le savant de Médine."
Hadith


Le Dinar d’or et le Dirham d’argent : une alternative au capitalisme

Nous sommes aujourd’hui dans un environnement hostile au musulman identitaire puisque l’ordre islamique ne règne nulle part. Paradoxalement se profile pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’opportunité de créer un système de civilisation à l’échelle de toute la planète, l’Islam est donc devenu un enjeu fondamental. L’Islam est venu comme quelque chose d’étranger, il finira par redevenir une chose étrange. En effet l’Islam vient tout à coup sur la scène internationale sans qu’auparavant on se fût inquiété de son existence.

Pour donner aux masses musulmanes humiliées et déshonorées un sursum corda, pour donner un élan vers une civilisation seul un changement fondamental issu de la sunna peut rentrer en ligne de compte. Cet article a pour ambition de montrer la pertinence intemporelle et inaltérable ainsi que l’originalité de l’idée de revenir à une monnaie shar’i : le dinar d’or et le dirham d’argent.

La praxéologie du riba : la guerre permanente

Dans notre système économique la création monétaire se fait à partir du crédit. Les crédits font les dépôts. Aussi inconcevable que cela puisse paraitre la création monétaire se fait ex-nihilo, elle devient la seule contrepartie d’une reconnaissance de dette. La richesse se déploie en fonction du seul désir des hommes de s’endetter pour s’enrichir, l’obligation de rembourser avec intérêt cet argent-dette rive l’économie à la nécessité impérieuse de poursuivre coute que coute sa croissance exponentielle.

La croissance de la monnaie et de la dette devient entièrement tributaire des progrès techniques et surtout des gains de productivité accomplis par la mise en œuvre de l’énergie humaine et de la matière, dans la croissance par le levier de l’endettement. Le riba avec l’argent-dette fait de la monnaie une religion, la consommation une thérapie et le militarisme un garant de la stabilité de la société. Dans l’Islam le riba est considéré comme une guerre contre Dieu et son prophète (Harb min Allah wa rasullihi).

Les analystes occidentaux reconnaissent que la suprématie économique repose sur la suprématie militaire. Les fils logiques reliant la pensée de la guerre à celle de l’économie, se trouvent résumés par Thomas Friedman, analyste et chroniqueur au New York Times lorsqu’il affirme que : la main invisible du marché ne peut fonctionner sans un poing caché – Mc Donald’s ne peut prospérer sans Mcdonald Douglas, qui construit les f-15. Et le poing caché qui rend le monde sûr pour les technologies de Silicon Valley s’appelle l’armée, la force aérienne, la force navale et les marines des Etats-Unis.

Le militarisme ainsi reste la composante incontournable de l’économie. Les dépenses militaire dans l’adoration du veau d’or ne sont plus considérées comme un gaspillage parce qu’une destruction pure et simple de ressources mais comme un fardeau nécessaire puisqu’elles deviennent la force dominante de nos sociétés et servent à contrôler et à stabiliser les progrès de l’économie. Voilà identifié le plan des criminels du riba.

Cet état de guerre permanent rentre en contradiction avec l’injonction morale de l’occidental : ne surtout pas mourir. Dans ce cadre, les Etats avec en tête les Etats-Unis investissent dans le high-tech pour une guerre de type post-héroïque, les actes de vaillance laissent la place à une pathologie du jeu. Dans un jeu on ne meurt pas.

Les drones tueurs transforment le travail militaire en assassinats ciblés planétaire. Au niveau de la morale, les philosophes élaborent une nécro-éthique justifiant l’absence de risque pris par les militaires et la dévalorisation de la vie civile du côté de l’ennemi. Au niveau juridique le droit est mis en algorithme, puisque les drones ne peuvent qu’aboutir à une nouvelle conception du droit, d’une common law hors normes.

Cette stratégie fatale protège les soldats mais met en danger les civils, et le pouvoir disparaît puisque le pouvoir ne s’exerce plus sur les corps, et les Etats deviennent incapable de mobiliser les corps vers le champ de bataille. On retrouve ainsi la faillite du technicisme moderne puisque l’Occident devient incapable de motiver les hommes aux combats. Rappelons que le déterminant décisif vers la victoire reste les variables morales de la guerre contre le volume d’une armée, le nombre d’hommes et la sophistication de l’armement.

La contrainte militaire dans le modèle économique dominant ne peut être interdite ni devenir illégitime, l’incroyance dans le signe monétaire notamment le dollar pour les Etats-Unis mène au combat. Alors que pour les musulmans le combat n’a pas été prescrit en contrepartie de l’incroyance (kufr), mais en contrepartie de l’état de guerre (hirabat).

Le monétarisme est le nouveau totalitarisme qui concentre le pouvoir entre les mains de quelques opérateurs financiers privés au niveau mondial qui encouragent la perpétuation de la loi du plus fort avec le soutien d’organisations dites mondiales (FMI, banque mondiale, OMC). Le modèle économique du riba par son intégrisme couplé au délirant intégrisme technique n’a laissé que la façade d’une civilisation sans rien de sa réalité.

Nous arrivons à une étape dans un cycle historique, le retour à l’histoire des musulmans par une épopée marquant la fin de l’Histoire. L’Occident supérieur matériellement et « civilisationnellement » est devenu décadent ne gardant que l’extérieur de la puissance, mais dont les vertus se sont depuis longtemps effacées. La suprématie reviendra selon les lois immuables d’Allah et par sa volonté à la Ummah islamique plus faible mais aussi redevenue plus vigoureuse et vertueuse.

Les musulmans en bravant l’ordre monétaire établi, en prenant position pour la vérité et la justice, viendront insha’Allah briser l’orgueil des peuples puissants et redonner ainsi à l’Islam son facteur de puissance, de rayonnement et d’évolution.

Une politique de civilisation islamique

L’essence de la civilisation islamique est l’islam, l’essence de la civilisation mondialiste est le riba comme économie politique, et la technologie. L’islam n’encourage pas une vie monacale sur le modèle chrétien laissant le monde devenir le théâtre des pharaons. L’Islam appréhende positivement le monde dans son ensemble. Hayy ibn yaqzan après avoir découvert la divinité unique, construit un canoë pour sortir de son isolation pour saisir le monde et la société, pour contribuer à l’Histoire.

Les musulmans peuvent de nouveau être aptes à affronter les défis de notre époque en retrouvant l’Islam matinal avec son esprit conquérant. Par le caractère éternel et universel, mais en même temps simple et fondamental du message du coran et de la sunna, l’Islam a le pouvoir d’influer sur cette époque en apportant la réponse au problème du capitalisme.

L’Islam est un système réaliste et équilibré ayant pour finalité de réaliser pleinement son humanité. Il s’agit aujourd’hui de retrouver l’Islam comme modèle, comme dimension de vérité travaillante. L’islam par son caractère nomocratique offre une voie pour conduire la vie sur terre.

La pax islamic s’identifie par la volonté des musulmans à ne trouver leur dignité que dans ce qu’ils valorisent le plus : leur religion, l’Islam. Il s’agit de devenir garant de la liberté de conscience et la spiritualité de l’humanité. Eradiquer le riba comme dictature de l’économie est possible et l’alternative a toujours existé. Le modèle est celui du zénith de l’Histoire de l’humanité : Médine, ‘amal ahl al madina.

Les musulmans n’appellent pas à une conversion à l’Islam mais à un nouvel ordre politique. Les institutions et les instruments permettant de mettre fin à l’économie se trouvent dans le système des mua’malat composé du dinar d’or et dirham d’argent, de wadi’ahs (institutions d’épargne), de waqala (agence de transaction monétaire), de suqs ( une institution du marché ouvert), de guilds (institutions ouvertes de production avec pour statuts maître, artisan et apprenti), bai salam (système de commerce agricole), de bait ul maal, d’awqaf (propriété d’Allah), prêt gracieux (ariya) et de contrat d’investissement de type qirad et shirkah.

Le système des mua’malat s’oppose radicalement à l’ingénierie sociale et à l’idéologie managériale puisque au-delà des institutions dans ce système chacun exerce son intelligence de façon à se représenter le contexte, voir et interpréter donc pour comprendre ce qu’il fait par rapport à ses intentions d’action, élabore son éco-comportement intelligemment sans se soumettre aux injonctions d’un modèle économique.

Dans cette logique les guildes sont des organisations professionnelles encourageant l’entreprenariat indépendant qui partagent à la fois les moyens de production et le prestige social de l’organisation. Dans une guilde, les professionnels sont à la fois en compétition et en collaboration. On retrouve les concepts à la mode dans la science du business : d’autonomie, de décision décentralisée et de partage d’infrastructure. Ce modèle s’oppose au monopole des entreprises qui sont profitables financièrement mais désastreux pour la société.

Pour sortir enfin des ténèbres de l’économisme, il faut obéir : le riba est haram ; faire confiance à Allah, délaisser le riba sans chercher de compromis ou d’excuse. Au lieu d’utiliser un compte en banque avec de la monnaie fiduciaire issue de crédits, utilisons l’institution wakala pour effectuer nos transactions monétaire.

Les Etats rendent obligatoire l’utilisation de la monnaie nationale, nous pouvons utiliser la nature disruptive des nouvelles technologies comme la blockchain. Le wakil stocke l’or et l’argent sous forme de lingots ou de pièces et les transactions s’effectuent sous la forme de crypto monnaie des e-dinar et e-dirham. La blockchain permet de communiquer avec le wakil mais les paiements in fine se font avec de l’or et de l’argent, sous forme de lingots ou de pièces.

Pour faire coïncider, de nouveau, puissance et vertu en conformité à la volonté divine, nous pouvons également mettre en place une cosmotechnic musulmane : unification entre l’ordre cosmique et l’ordre moral par l’activité technique afin de se rapprocher de la vie paradisiaque. Autrement dit, il s’agit de faire coïncider la volonté ontologique de Dieu (irada kawniya) avec sa volonté religieuse (irada diniyya) par l’activité technique.


Pour une polémologie de l’esprit

Selon Deleuze et Guattari, le capitalisme a pour essence même la schizophrénie. L’économie est la méthode, l’objet est le changement du cœur et de l’âme. Le capitalisme dresse les populations à accepter une chose au-dessus de sa valeur, la monnaie papier ou électronique ayant une valeur intrinsèque proche de zéro. On nous fait ainsi croire à une fiction monétaire qui devient réelle. Notre adhésion à la société se fait par la croyance monétaire, la foi, la croyance sont donc partie liée avec la créance et le crédit, et réciproquement. Indéniablement l’argent n’existe que parce que vous y croyez.

Le vrai terrorisme c’est la monnaie, ce n’est pas une arme technologique, c’est une bombe mentale, ce sont les esprits qui sont touchés, l’imaginaire, les peurs archaïques. Le capitalisme s’assure que vous ne commenciez pas à réfléchir. C’est une forme de colonialisme mais en pire puisque au lieu d’avoir un ennemi en face de soi, ce colonialisme l’installe dans vos cerveaux. Les territoires à conquérir sont mentaux.

L’économisme vit sur la conscience des autres, cela redonne une actualité aux mots de Malek Bennabi : « Le drame exige son dénouement ; c’est la loi de la psychologie qui va dominer de plus en plus l’évolution du monde musulman dans les années à venir. »

Se soustraire de l’économisme suppose la fermeture de son compte bancaire pour un compte auprès d’un wadi’ah et d’un wakala avec un marché commun de la Ummah acceptant le dinar d’or et dirham d’argent, cet acte déviant et hérétique (pour le capitalisme) est plutôt coûteux psychologiquement. Fondamentalement, le psychologique précède et conditionne le social, connais ton adversaire et connais-toi toi-même. La guerre est avant tout cognitive parce que la logique totalitaire et tyrannique du capitalisme appelle à la possession des âmes.

La monnaie ne vaudrait rien si les banquiers n’avaient accès à l’imagination des foules, il faut donc décoloniser les imaginaires. Le but est de retrouver le chemin de la fitra{On a enjolivé aux gens l’amour des choses qu’ils désirent: femmes, enfants, trésors thésaurisés d’or et d’argent, chevaux marqués, bétail et champs; tout cela est l’objet de jouissance pour la vie présente, alors que c’est près d’Allah qu’il y a bon retour.} (coran 3 :14), ne plus être homo-economicus.

Face à l’inquisition dogmatique du capitalisme croyant posséder une vérité totale et avec sa logique implacable et meurtrière, il y a probablement un risque d’être interné dans un asile psychiatrique, dans une prison, ou par la mise à mort. La saine raison ne s’oppose pas à l’authentique tradition. Ne pas être capitaliste suppose de retrouver l’esprit conquérant des salafs, renforcer son nafs par un jihad al-nafs afin d’avoir la clairvoyance nécessaire pour mener l’Islam à la victoire car l’attaque militaire sans travail intérieur mène à la perte.


Conclusion

Renouer avec le fiqh des mua’mallat par la normativité juridique participe de l’institution de la raison éclairée musulmane. Nous avons démontré que nous pouvons étendre le champ d’application de la révélation en instrumentalisant les innovations notamment en utilisant la blockchain pour faire entrer le modèle de Médine à l’ère du numérique.

Nous ne sommes pas dans une époque de changement, mais un changement d’époque, tout reste à faire, il nous faut des informaticiens musulmans chevaliers des temps apocalyptiques faisant cavalier seul dans le monde afin de faire revivre la sunnah à notre époque. Pour vivre et rester musulman, il faut créer de nouveau une société et un ordre. Ne pouvant posséder de légalité dans l’ordre capitaliste, il nous faut chercher dans l’électronique des endroits particuliers de non-droit pour recréer la légitimité islamique (la charia). 

Effectivement les éditions nawa ont raison d’affirmer que l’effondrement du modernisme et de ses fondements utopiques, permettent de porter un regard neuf sur l’islam, lui donnant une constante actualité et une pertinence intemporelle et inaltérable. Le conflit avec l’Occident force la civilisation musulmane à se dépasser et s’accomplir entièrement avec des possibilités et des perspectives d’expansion plus grande encore qu’au temps où il atteignit son apogée.



Abu Bakr ibn Cherif

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